L’ensemble des organisations du Québec est confronté de plus en plus régulièrement à des changements et/ou à des transformations d’envergure. Ces changements sont non seulement devenus la norme, mais également une garantie de survie pour les entreprises de toute nature. Ils interpellent l’ensemble des travailleurs dans leur capacité d’adaptation et plus précisément les leaders qui doivent se TENIR DEBOUT dans la mêlée.

La gouvernance des organisations gère à la fois le présent et le futur (la vision) des organisations. Elle bat sa cadence sur un rythme endiablé à deux temps (présent/futur) dans lequel certains s’épuisent. Plusieurs leaders sont à bout, ils doivent agir sur une ligne de temps qui file rapidement et où le tic tac du présent futur s’accélère entre l’aujourd’hui, le demain et l’après-demain. Ils doivent gérer, changer, mobiliser, mettre en place de nouvelles façons de faire plus performantes, plus efficaces, plus efficientes sans avoir la possibilité de s’arrêter, de savourer, d’approfondir, de déposer, de digérer ce qu’ils ont réalisé, car… on est déjà demain et l’entreprise DOIT AVANCER…, il faut assurer la continuité, la survie de l’entreprise.

Dans cette danse, les leaders des organisations, petites et grandes, publiques et privées, doivent s’assurer de tenir le pas. Tous le savent, le tango à deux temps peut épuiser les plus talentueux des danseurs. Les leaders sont à la recherche de moyens de se tenir debout et de demeurer debout. La pleine conscience ou mindfulness (Strub et Steiler, 2013) apparaît être une piste sur laquelle certains retrouveront le tempo.

La pleine conscience est un « … état de conscience qui résulte du fait de prêter son attention intentionnellement, au moment présent, sans juger, à l’expérience qui se déploie instant après instant » (Kabat-Zinn, 2003). « Être pleinement conscient consiste à réguler notre attention de manière à être attentif à nos expériences immédiates, c’est-à-dire à ce que nous faisons dans l’instant présent, aux émotions qui émergent, aux sensations corporelles qui prennent forme, aux pensées qui surgissent, aux désirs, aux craintes qui nous habitent, et ainsi de suite » (Bishop et coll., 2004). « C’est être alerte, vigilant, attentif, et présent à ce qui se passe à l’intérieur comme à l’extérieur de nous, et ce, de manière soutenue » (Grégoire, Baron et Baron, 2012).

 

Plusieurs programmes d’intervention pour développer un tel état ont été mis sur pied dans les dernières années (Baer, 2003). Ces programmes reposent sur des exercices expérientiels et méditatifs comme véhicules privilégiés de développement et de changement personnels. Ils sont une forme d’entraînement de l’esprit destiné à promouvoir la santé psychologique et générer des changements positifs au niveau des comportements et des émotions (Bishop, et coll., 2004).

À titre d’exemple, on retrouve parmi les programmes, le MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction), le MBCT (Mindfulness-Based Cognitive Therapy) et le ACT (Acceptance and Commitment Therapy). Ces programmes sont caractérisés par la présence constante de quatre principes de base :

  • prendre contact avec l’instant présent;
  • lâcher prise;
  • accepter pour changer; 
  • apprendre à mieux se connaître grâce à l’attention.


Le développement de la conscience et la pratique de la présence attentive permettent de maintenir un certain niveau d’énergie essentiel au maintien de la santé physique et psychologique. Cayer et Baron (2006) soutiennent d’ailleurs que le développement de la pleine conscience permet de tenir compte de plusieurs points de vue pour :

  • prendre de meilleures décisions;
  • mieux saisir les interrelations des événements; 
  • mieux composer avec les paradoxes et les ambiguïtés des environnements en changement et en transformation; 
  • porter attention au processus;
  • favoriser l’actualisation de soi comme leader.

 

Ainsi, le leader qui voit loin s’assurera de tenir le pas et de demeurer debout au bal endiablé des transformations et des changements. La pratique de la pleine conscience lui permettra de se garder à vue en demeurant branché avec son essence profonde SANS perdre le tempo. La pleine conscience, c’est compter sur soi pour demeurer debout.

Références


BAER, R.A. (2003). « Mindfulness training as a clinical intervention: A conceptual and empirical review », Clinical Psychology: Science and Practice, 10(2), 125-143.

BISHOP, S.R., M.A. LAU, S.L. SHAPIRO, L. CARLSON, N.D. ANDERSON, J. CARMODY, et coll. (2004). « Mindfulness: A proposed operational definition », Clinical Psychology: Science and Practice, 11(3), 230-241.

CAYER, M. et C. BARON (2006) « Développer un leadership postconventionnel par une formation à la présence attentive », Revue québécoise de psychologie, 27(1), 257-271.

GRÉGOIRE, S., C. BARON et L. BARON (2012). « Pleine conscience et counselling. Mindfulness and Counselling », Canadian Journal of Counselling and Psychotherapy, 46(2), 161-177.

KABAT-ZINN, J. (2003). « Mindfulness-based intervention in context: Past, present, and future », Clinical Psychology: Science and Practice, 10(2), 144-156.

STRUB, L. et D. STEILER (2013). « Investir dans le capital Pleine Conscience : l’évidence d’une valeur ajoutée pour les entreprises en termes de bien-être et de performance au travail », publication disponible à partir du site de Lionel Strub.