On l’a dit, l’apprentissage mobile n’est pas et ne doit pas être perçu comme une version miniaturisée du e learning. Le concepteur averti ne doit pas envisager ces solutions comme différents moyens de diffusion d’un même produit de formation. Il doit plutôt les penser comme des solutions de formation distinctes qui fonctionnent de façon complémentaire dans le cadre d’une stratégie de formation hybride, car à y regarder de près, le e-learning et le m-learning sont plus différents qu’ils ne sont similaires. Chacun a son utilité, ses forces et ses limites.

E-learning et m-learning

e-learning et m-learning mathieu Khoury v2


Comme le démontre le tableau résumé ci-dessus, les caractéristiques propres à chacune de ces solutions s’additionnent pour créer des conditions d’apprentissage très différentes, répondant à des besoins tout aussi différents. La clé du succès est donc de sélectionner la solution la mieux alignée sur les objectifs pédagogiques visés.

Le e-learning, sous ses formes les plus raffinées – e-learning riche, jeu sérieux, simulation – est la solution de choix lorsque les objectifs d’apprentissage poursuivis font appel à des compétences cognitives complexes, qui tendent à se situer dans les niveaux supérieurs de la taxonomie de Bloom, comme l’analyse, la synthèse et l’évaluation. Mieux encore, grâce à la richesse de l’environnement médiatique que soutiennent les solutions e-learning (interactivité et manipulations complexes, simulations/immersion des outils et milieux de travail, accès facilité à des tableaux de bord/suivi de la performance et ressources pédagogiques, etc.), il est possible de mettre en œuvre des activités qui exigent que le participant démontre, en situation de tâche, sa capacité à appliquer les compétences acquises. Cela permet en retour d’évaluer, avec un bon degré de précision, sa capacité à les transférer dans son milieu de travail.

En contrepartie, l’apprentissage mobile est la solution à retenir lorsque les objectifs pédagogiques sont liés à des compétences simples, par exemple démontrer la rétention des savoirs déclaratifs et procéduraux. Il est possible de vérifier ces types de compétences sous forme d’activités simples qui exigent peu d’interaction à l’écran et peu ou pas visuels pour mettre l’apprenant en contexte comme des questions à choix multiples, des « vrai ou faux » ou des séquences à ordonner.

L’autre grand avantage du mobile est la possibilité pour l’apprenant de consulter de l’information sur le pouce, à point nommé, lorsqu’il en a besoin pour accomplir une tâche spécifique ou obtenir une information précise. L’appareil mobile est donc le moyen idéal pour accéder à des wikis et bases de données d’entreprises, des vidéos pédagogiques, des aide-mémoire et autres outils de formation libre-service et d’aide à la performance.

Ceci dit, si on considère strictement la dimension pédagogique d’un projet de formation, il semble que les nuances entre e-learning et m-learning soient suffisamment claires pour que le choix de la solution la mieux adaptée soit aisé. Le défi apparaît lorsqu’on prend en compte les multiples facteurs contextuels d’un projet. Dans ce cas, gestionnaires et concepteurs gagneront probablement à user des deux modes de diffusion en trouvant des façons créatives de maximiser le potentiel de chacune.

Par exemple, on sait que les apprentissages, peu importe leur nature, tendent à se perdre s’ils ne sont pas vite mis en pratique après la formation ou réactivés sur une base régulière. Il serait donc profitable, après une formation e-learning, de rapidement proposer des activités m-learning simples, de type quiz, pour assurer la rétention des contenus critiques. Dans la même veine, une microcapsule poussée sur le mobile d’un employé pourrait servir à démontrer des exemples d’applications concrètes des savoirs nouvellement acquis afin de le motiver à les mettre en pratique.

Bref, l’hybridation des solutions e-learning et mobiles peut donner lieu à de multiples applications, que ce soit dans le cadre de projets de formation ponctuels ou de parcours de formation continue. Il s’agit d’un terrain encore relativement vierge où l’on avancera probablement à tâtons, au rythme des leçons apprises de nos bons et moins bons coups. Toutefois, une chose est certaine, les possibilités sont fécondes et j’ai bien hâte de voir jusqu’où elles pourront nous mener.